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    Alejandro (ou Alexandro) Jodorowsky, né le 17 février 1929 à Tocopilla (Chili), est un réalisateur, acteur, auteur d’une poignée de films ésotériques, surréalistes et provocateurs ; il est également auteur de « performances » Panique (groupe actionniste qu’il crée avec Roland Topor et Fernando Arrabal), mime, romancier, essayiste, poète et prolifique scénariste de bande dessinée, chilien et français.

     

    " je me suis dit je vais appliquer les mêmes techniques du rêve lucide à la psychomagie, en prenant la vie comme un rêve dans lequel je me réveille, parce que si je sais que ça c'est un rêve, je peux introduire des changements dans le rêve, alors je le ferai, je créerai un langage qui parle à l'inconscient dans ses propres termes et ordonne de produire des choses à l'inconscient, contrairement à la psychanalyse qui apprend à l'inconscient à parler l'irrationnel, parce qu'après qu'on a un rêve on va l'expliquer rationnellement.

    On traduit le langage inconscient qui est plein d'image, d'action, de jeux, en langage rationnel, mais non j'efface le langage rationnel et j'apprends l'irrationnel par le langage des rêves qui s'adresse à cet animal infini qui et l'inconscient... Qu'on appelle inconscient mais que moi j'appelle univers."

      "Pendant des années j’ai travaillé sur le rêve lucide (se rendre compte au milieu du rêve que nous rêvons), recherchant le pouvoir magique de changer le monde. C’est-à-dire que j’intervenais dans les rêves et que je les enrichissait.

     Un jour,  je me suis rendu compte que tout ce qui arrivait était parfait, qu’il n’y avait aucune nécessité à vouloir changer les choses.

    En fixant mon attention sur quelque chose – dépouillé d’intention personnelle, le miracle apparaissait.

     J’ai cessé de changer mes rêves et je me suis limité à être un observateur.

    Aujourd’hui, je n’observe plus : je vis simplement ce que l’inconscient m’offre. Les cauchemars ont cessé, tout est devenu agréable."

     

     

      


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    « Il m'est arrivé de m'endormir en décidant que je m'entraînerai à transformer mon environnement, or il se trouva que dans mon rêve, je m'éveillai à la lucidité alors que j'étais dans un labyrinthe, fuyant devant un cannibale.

    Lorsque je me rendis compte que le rêvais, je me dis que l'essentiel était de dompter ma peur, je m'arrêtai alors et fis demi-tour pour m'avancer vers l'homme et toucher son visage.

     

    Il s'arrêta lui aussi et sourit en disant :

      

    "Ah ! je vois que tu te rends compte que tu rêves, si tu veux, tu peux sortir d'ici, moi, je ne suis qu'un rêve, j'y resterai". »

      


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    "Le désir et la peur sont, comme l'affirment toutes les traditions, les deux faces de notre identifications.
    Justement, le rêve m'a aussi montré comment me comporter face à mes frayeurs. Fut une période ou je faisais souvent le même cauchemars : je me trouvais dans un désert quand surgissait de l'horizon comme un immense nuage de négativité une entité psychique décidée à me détruire. Je me réveillais avec un hurlement, tout en sueur... Un jour, j'en ai eu marre et ai décidé de m’offrir en sacrifice à cette entité. Au plus fort du rêve, dans un état de terreur lucide, je me suis dit : "OK, j'arrête de vouloir me réveiller. Tu n'as qu'à venir me détruire." L'entité s'est approchée puis, d'un seul coup, a disparu. Je me suis réveillé quelques secondes pour me rendormir d'un sommeil paisible et réparateur. J'ai alors compris que nous alimentons nous-mêmes nos propres terreurs. Ce qui nous fait peur perd tout pouvoir sur nous dès lors que nous lâchons-prise"

      

    Alexandre Jodorowski

      


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    « Depuis l’âge de trois ans, deux fois par mois, j’avais des cauchemars de raz-de-marée et d’immense

    vagues qui m’engloutissaient ; les détails variaient mais le sentiment était toujours le même :

    terreur et détresse.

    Jusqu’à ce que je prenne la décision de faire un rêve lucide et de plonger dans la grande vague.

     

     

    Raz de marée

     Je l’ai fait ! Avec mon coeur battant sauvagement, je courais vers la mer déchaînée,

    chantant que ce n’est qu’un rêve.

     

    Je plongeais la tête la première.

    J’ai eu un petit moment de peur lorsque je sentais l’eau dans mes poumons, puis je commençais à

    apprécier la sensation de danser dans les vagues puissantes et le courant.

     

    Après plusieurs minutes très agréable je me retrouvais sur le rivage. J’ai fait l’expérience d’un autre rêve

    lucide dans lequel je faisais face à la vague et je me réjouissais d’être sous l’eau.

    Depuis, je n’ai plus jamais eu de cauchemars de raz-de-marée. »

     

     


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    « J’étudie pour devenir un musicien professionnel, et j’avais besoin de me libérer de ma peur de jouer face à une audience. A plusieurs occasions je me plaçais dans un état de relaxation profonde juste avant de m’endormir. Je me concentrais alors sur mon désir de faire un rêve dans lequel je jouais face à un large public en étant parfaitement à l’aise.

    Piano

     A la troisième nuit, je fis un rêve lucide dans lequel je jouais un récital solo sans accompagnement..

    Je ne ressentais aucune anxiété vis à vis de l’audience et chaque note que je jouais me faisais sentir de

    plus en plus confiant. Je jouais parfaitement un morceau que je n’avais entendu qu’une seule fois

    auparavant (et que je n’avais jamais essayé de jouer) et les applaudissements que je reçus augmenterent

    encore ma confiance.

     Lorsque je me réveillais, je pris note du rêve et du morceau que je venais de jouer.

    Quand je pratiquais le lendemain, je lisais couramment la partition et la jouait presque parfaitement.

     Deux semaines plus tard (et après quelque rêves lucides supplémentaires), je jouais la cinquième

    symphonie de Shostakovich’s avec orchestre.   

      Pour la première fois, ma nervosité n’a pas perturbé ma performance et tout s’est trés bien passé ».