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    L'exploration de ses propres rêves existe depuis des millénaires,  plusieurs traditions

    oniriques l'ont développé.

     

     Ainsi les bouddhistes thibétains pratiquent toujours un "yoga des rêves" très élaboré ou

    "svapna yoga", où le méditant s'entraîne à s'éveiller pendant ses rêves, à en prendre conscience, pour

    ensuite observer comment son esprit élabore ses illusions, les questionner, intervenir dans ses

    cauchemars, apprendre à les dérouter et en tirer un enseignement. 

      

     Les Senoï de Malaisie sont aussi connus par avoir développé un art d'intervenir à l'intérieur de

    leurs rêves, d'y mener des expériences érotiques, et de chercher à  entremêler les rêves et la réalité pour

    mener une existence plus intense, plus riche, plus heureuse.

     

    Les guerriers amérindiens comme les Cheyennes et les Iroquois pratiquaient eux des sortes de

    répétitions oniriques de leurs combats, et s'entraînaient à vaincre la peur en rêve.

     

    Culturellement


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    Une  chose importante que l’on doit à l’étude scientifique du sommeil et des rêves et d’avoir fait la

    lumière sur le rêve lucide et sur un grand nombre de phénomènes qui lui sont plus ou moins associés, à

    savoir notamment les expériences hors du corps (Out of the Body Experience) et les expériences au seuil

    de la mort (Near Death Experience).

     

     Le rêve lucide n'est plus considéré aujourd'hui par la communauté scientifique comme

    une élucubration de parapsychologue ou une bizarrerie pour amateur de sciences

    occultes.

     

     
    Le spécialiste de l’étude du sommeil et des rêves, Michel Jouvet, écrivait en 1992 :

     

     « Je dois confesser que pendant longtemps je n’ai pas cru à l’existence de ces rêves lucides. Cependant,

    depuis trois ans, à quatre reprises, j’ai pu constater l’extraordinaire expérience subjective que

    représente le déroulement de l’imagerie onirique que l’on ne peut influencer, et à laquelle on assiste en

    étant parfaitement conscient qu’il s’agit d’un rêve. Ainsi, un Moi conscient d’être conscient est « rêvé »

    par un inconscient qu’il ne peut influencer. L’interprétation en termes neurologiques nous

    échappe. ».

     

    Remarquons qu’il fait allusion ici à une variété de rêve lucide dans lesquels on est uniquement

    spectateur du rêve sans pouvoir être acteur et metteur en scène.

     

     
    Grâce aux travaux de pionniers comme Stephen Laberge et son équipe du Laboratoire d’étude du

    sommeil de l’Université de Standford aux Etats-Unis, de nombreuses expériences fascinantes ont pu

    être réalisées  ce qui a permit  à une nouvelle race d’explorateurs de voir le jour : les onironautes, c’est à

    dire les explorateurs du rêve conscient.

      

     

    Scientifiquement


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    J'ai l'impression qu'aussitôt rendormi je me mets à rêver.

    Je faisais cours au lycée et certains élèves étaient absents, à leur place il y avait des portraits d'eux. Portraits vivants très colorés, beaux et somptueux l'un d'eux était rouge ; un vert, le troisième jaune, et j'ai oublié la couleur du quatrième.

     La couleur était très vivante : mouvante avec des effets de profondeur et d'ombre (un peu les mouvements des nageoires colorées des poissons exotiques), les portraits étaient en camaïeu, un peu abstraits, mais très vivants et très réels.

    Je me suis dit alors que je devais être en train de rêver, j'ai fait le geste. Un décor peut donc provoquer la lucidité, sans doute parce qu'elle suppose une qualité perceptive qui n'appartient qu'au rêve.


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    Alexandre Quaranta, Docteur en Philosophie de L'Université de Nice Sophia-Antipolis, est spécialisé dans l'étude des philosophies orientales et de certains courants de la psychologie qui s'intéressent aux états de conscience non-ordinaires.

     Il aborde le rêve lucide dans une perspective philosophique et spirituelle du libre jeu de la conscience. 

     Il soutient que l'étonnement d'être conscient, lorsqu'il se déclare dans son intensité extatique et illuminatoire s'accompagne d'une restructuration et d'un réenchantement de l'intégralité du champ perceptif et qu'une description de cette restructuration au niveau de la vision notamment, peut permettre - s'il l'on s'efforce de l'actualiser dans sa réalité vivante par ce qui pourra sembler être au début un effort intense de l'imagination - l'accès à l'expérience de l'étonnement d'être extatique dans laquelle l'unité du voyant du visible et de la vision se révèle à elle-même.

     
    Il soutient également que l'expérience du rêve lucide, ce cas particulier d'état de conscience non-ordinaire qui est examiné en détail, cet état de conscience paradoxal, dans lequel nous sommes parfaitement conscient, au coeur du sommeil, d'être en train de rêver,

    est une porte ouverte, une plate-forme-tremplin sur ce même étonnement d'être ;

    sur cette absolutisation de la conscience de soi ;

    sur cette conscience d'infini et d'unité ;

    sur cette conscience cosmique ;

    sur ce dévoilement vivant du miracle inconcevable de la conscience que nous sommes.